Helping Shell Peas It’s that idle hour in the late morning when time seems to hang still- the bowls and crumbs of breakfast now forgotten, the aromas of lunch being cooked still far off, the kitchen is calm, almost abstract. On the waxed tablecloth lies a page of the paper, a pile of peas in their pods, a salad bowl. You never get there at the beginning of the operation. You’re always hurrying across the kitchen to the garden, to see if the mailman has come… -You need help? That goes without saying. Of course you can help. You sit yourself down at the family table and immediately slide into the lulled rhythm of shelling, which seems propelled by some inner metronome. Shelling peas is simple. A squeeze of the thumb on the lip of the pod and it opens up, docile, yielding. Some of them are not quite as ripe, are more reluctant – but a slice with the nail of your pointer finger allows you to tear open the green skin, and to feel the slight moisture and the dense flesh, right under the leathered skin, like an ancient parchment. Afterwards, you glide the delicate spheres out with one finger. The last is so tiny. Occasionally, you have the urge to crunch it carefully between your teeth. It isn’t that good, a little bit bitter, but as fresh as the kitchen at 11am, the kitchen of cold water, skinned vegetables — all in hand’s reach. Right next to the sink some naked carrots lie shining on a towel while they’re drying up. You speak in little bursts, and the musicality of the words springs effortlessly, the tempo is peaceable, familiar. From time to time, you lift your head up to look at the other person, at the end of a sentence; but your companion keeps their head tilted — it’s part of the ritual. You speak of work, of projects, of weariness — just the simple facts, nothing to deep. Shelling peas is not designed for explaining, but for getting on with it, for keeping up the slightly offbeat rhythm, which is a rhythm in itself. It should only take five minutes, but it’s nice to prolong it, to slow down the morning, pod by pod, with rolled up sleeves. You run your hands through the shelled beads which fill the salad bowl. It’s soft; all of the jumbled curves like waves of green water, so that you’re surprised when your hands come out dry. A long silence of bright well-being, and then: – Well, now someone just needs to go and get the bread. |
Aider à écosser des petits pois
C’est presque toujours à cette heure creuse de la matinée où le temps ne penche plus vers rien. Oubliés les bols et les miettes du petit déjeuner, loin encore les parfums mitonnés du déjeuner, le cuisine est si calme, presque abstraite. Sur la toile cirée, juste un carré de journal, un tas de petits pois dans leur gousse, un saladier. On n’arrive jamais au début de l’opération. On traversait la cuisine pour aller au jardin, pour voir si le courrier était passé… -Je peux t’aider? Ça va de soi. On peut aider. On peut s’asseoir à la table familiale et d’emblée trouver pour l’écossage ce rythme nonchalant, pacifiant, qui semble suscité par un métro-nome intérieur. C’est facile, d’écosser les petits pois. Une pression du pouce sur la fente de la gousse et elle s’ouvre, docile, offerte. Quelques-unes, moins mûres, sont plus réticentes – une incision de l’ongle de l’index permet alors de déchirer le vert, et de sentir la mouillure et la chair dense, juste sous la peau faussement parcheminée. Après, on fait glisser les boules d’un seul doigt. La dernière est si minuscule. Parfois, on a envie de la croquer. Ce n’est pas bon, un peu amer, mais frais comme la cuisine de onze heures, cuisine de l’eau froide, des légumes épluchés – tout près, contre l’évier, quelques carottes nues brillent sur un torchon, finissent de sécher.
Alors on parle à petits coups, et là aussi la musique des mots semble venir de l’intérieur, paisible, familière. De temps en temps, on relève la tète pour regarder l’autre, à la fin d’une phrase ; mais l’autre doit garder la tête penchée – c’est dans le code. On parle de travail, de projets, de fatigue – pas de psychologie. L’écossage des petits pois n’est pas conçu pour expliquer, mais pour suivre le cours, à léger contretemps. Il y en aurait pour cinq minutes, mais c’est bien de prolonger, d’alentir le matin, gousse à gousse, manches retroussées. On passe les mains dans les boules écossées qui remplissent le saladier. C’est doux ; toutes ces rondeurs contiguës font comme une eau vert tendre, et l’on s’étonne de ne pas avoir les mains mouillées. Un long silence de bien-être clair, et puis : – Il y aura juste le pain à aller chercher.
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