The Scent of Apples You step into the cellar. Immediately, the smell washes over you. The apples are there, arranged on their trellises — some overturned crates. You hadn’t anticipated this. You certainly hadn’t been looking to be engulfed by a wave of melancholy. But, you can’t help it. The scent of apples is like a wave breaking over you. How could you have gone so long without reliving this acrid childhood sweetness? The shriveled fruits are probably delicious; with that particular dryness where the candied flavor has seeped into each wrinkle. But, you don’t want to eat them. The sanctity of this penetrating scent cannot be defined, cannot be tied to a commonplace taste. And it wouldn’t do to just say that it smells good or that it smells strongly. It’s more than that. It’s an intimate scent, the fragrance of a better self. There’s autumn schooldays bound up in it. With violet ink you scratch the paper with downstrokes, upstrokes. The rain beats the pane; the evening will be long and lingering… But the perfume of apples doesn’t exist in the past. It lives in your own vivid memory, triggered by a saltpeter cellar, by a dark granary. You are what exists. You’re alive now, in the present moment, to witness the flavor of the air. You have, behind you, the blades of grass standing tall, the moisture of the orchard. Before you, the world’s warm breath surrenders itself to the cool shade. The scent has taken on all shades of brown, all of the reds, a hint of sharp green. The smell has distilled the softness of the skin, its miniscule patches of roughness. Your lips are dry — but you already know that reliving a memory cannot quench this thirst. Nothing could come out of biting into its white flesh. You must become one with October; hard-packed earth, arch of the cellar, rain, waiting. The smell of apples is agonizing. It’s of a stronger more potent life, of a slowness you know you’ve lost, somewhere along the way.
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L’odeur des pommes
On entre dans la cave. Tout de suite, c’est ça qui vous prend. Les pommes sont là, disposées sur des claies – des cageots renversés. On n’y pensait pas. On n’avait aucune envie de se laisser submerger par un tel vague à l’âme. Mais rien à faire. L’odeur des pommes est une déferlante. Comment avait-on pu se passer si longtemps de cette enfance âcre et sucrée ? Les fruits ratatinés doivent être délicieux, de cette fausse sécheresse où la saveur confite semble s’être insinuée dans chaque ride. Mais on n’a pas envie de les manger. Surtout ne pas transformer en goût identifiable ce pouvoir flottant de l’odeur. Dire que ça sent bon, que ça sent fort ? Mais non. C’est au-delà… Une odeur intérieure, l’odeur d’un meilleur soi. Il y a l’automne de l’école enfermé là. A l’encre violette on griffe le papier de pleins, de déliés. La pluie bat les carreaux, la soirée sera longue… Mais le parfum des pommes est plus que du passé. On pense à autrefois à cause de l’ampleur et de l’intensité, d’un souvenir de cave salpêtrée, de grenier sombre. Mais c’est à vivre là, à tenir là, debout. On a derrière soi les herbes hautes et la mouillure du verger. Devant, c’est comme un souffle chaud qui se donne dans l’ombre. L’odeur a pris tous les bruns, tous les rouges, avec un peu d’acide vert. L’odeur a distillé la douceur de la peau, son infime rugosité. Les lèvres sèches, on sait déjà que cette soif n’est pas à étancher. Rien ne se passerait à mordre une chair blanche. Il faudrait devenir octobre, terre battue, voussure de la cave, pluie, attente. L’odeur des pommes est douloureuse. C’est celle d’une vie plus forte, d’une lenteur qu’on ne mérite plus.
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